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Au cours des cinquante dernières années, l'agriculture française a connu de profondes mutations, encadrées et pilotées par la politique agricole européenne et les impératifs de marchés, et marquées par des évolutions agronomiques et techniques sans précédent. Ces mutations se sont progressivement traduites par une régionalisation et une spécialisation des productions agricoles, qui ont abouti au recul généralisé des systèmes de polyculture-élevage au profit de systèmes d'élevage spécialisés en zone de montagne et sur une large façade atlantique (cette dernière bénéficiant de situations commerciales et industrielles favorables) ou au profit de systèmes de grandes cultures dans les régions de plaine dotées d'avantages agronomiques. Cette communication vise à réaliser une synthèse de ces transformations, en analysant conjointement différents descripteurs de l'agriculture (types d'exploitation, assolements, effectifs animaux, successions culturales et pratiques de conduite des cultures) en termes de diversité et de localisation au sein du territoire français. L'analyse des dynamiques agricoles s'appuie sur quatre enquêtes conduites selon différentes périodicités par le Service de la Statistique et de la Prospective (SSP) du Ministère en charge de l'Agriculture, utilisées au grain de la Petite Région Agricole, du département ou de la région, de manière à caractériser leur différenciation spatiale : (i) les Recensements Agricoles de 1970, 1979, 1988, 2000, et 2010 sont utilisés pour analyser l'évolution des surfaces par occupation du sol, l'évolution des effectifs animaux et l'évolution des OTEX ; (ii) la Statistique Agricole Annuelle établie annuellement par les directions régionales de l'Agriculture est mobilisée pour reconstituer les fluctuations annuelles des productions ; (iii) les enquêtes annuelles Teruti et Teruti-Lucas permettent de rechercher des régularités dans les suites d'occupation du sol de manière à caractériser les successions de cultures depuis 1981 ; (iv) les enquêtes par sondage Pratiques culturales sur grandes cultures de 1994, 2001, 2006 et 2011 sont utilisées pour analyser l'évolution de certaines pratiques culturales (gestion de l'inter-culture, pratique du non labour, fertilisation minérale et organique, usage des phytosanitaires). L'accès à ces enquêtes a été effectué soit via le site DISAR du Ministère, soit via le Centre d'Accès Sécurité à Distance (CASD). La diminution continue des systèmes de polyculture-élevage des années 1970 au milieu des années 1990, qui se poursuit au cours de la décennie 2000 dans un grand quart Nord-Est et dans l'extrême Sud-Ouest au profit de systèmes céréaliers, conduit à la spécialisation des territoires et des assolements autour d'un nombre limité d'occupations du sol qui varient selon les régions. La réduction du nombre d'espèces cultivées entraîne une simplification des successions culturales : 50 "triplets" de cultures (correspondant à des suites de cultures consécutives) représentent 50 % des terres labourables françaises sur la première moitié des années 1990 ; ce nombre est réduit à 20 sur la seconde moitié des années 2000, et même à 5 dans les départements lorrains et haut-marnais caractérisés par une forte expansion des rotations triennales de type colza-blé-orge. Ces évolutions sont rendues possibles grâce à une importante évolution des itinéraires techniques de conduite des cultures, en particulier grâce à un usage accru des intrants de synthèse (fertilisation minérale et produits phytosanitaires qui sont devenus pivots des systèmes de culture). L'ensemble de ces évolutions traduit la forte cohérence d'un système sociotechnique qui s'appuie sur l'organisation des filières amont et aval en place et sur les systèmes de diffusion de conseils technico-économiques aux agriculteurs, verrouillant ainsi de possibles évolutions vers une reconnexion cultures-élevages.

National audience ; Au cours des cinquante dernières années, l'agriculture française a connu de profondes mutations, encadrées et pilotées par la politique agricole européenne et les impératifs de marchés, et marquées par des évolutions agronomiques et techniques sans précédent. Ces mutations se sont progressivement traduites par une régionalisation et une spécialisation des productions agricoles, qui ont abouti au recul généralisé des systèmes de polyculture-élevage au profit de systèmes d'élevage spécialisés en zone de montagne et sur une large façade atlantique (cette dernière bénéficiant de situations commerciales et industrielles favorables) ou au profit de systèmes de grandes cultures dans les régions de plaine dotées d'avantages agronomiques. Cette communication vise à réaliser une synthèse de ces transformations, en analysant conjointement différents descripteurs de l'agriculture (types d'exploitation, assolements, effectifs animaux, successions culturales et pratiques de conduite des cultures) en termes de diversité et de localisation au sein du territoire français. L'analyse des dynamiques agricoles s'appuie sur quatre enquêtes conduites selon différentes périodicités par le Service de la Statistique et de la Prospective (SSP) du Ministère en charge de l'Agriculture, utilisées au grain de la Petite Région Agricole, du département ou de la région, de manière à caractériser leur différenciation spatiale : (i) les Recensements Agricoles de 1970, 1979, 1988, 2000, et 2010 sont utilisés pour analyser l'évolution des surfaces par occupation du sol, l'évolution des effectifs animaux et l'évolution des OTEX ; (ii) la Statistique Agricole Annuelle établie annuellement par les directions régionales de l'Agriculture est mobilisée pour reconstituer les fluctuations annuelles des productions ; (iii) les enquêtes annuelles Teruti et Teruti-Lucas permettent de rechercher des régularités dans les suites d'occupation du sol de manière à caractériser les successions de cultures depuis 1981 ; (iv) les enquêtes par ...